Jusqu’ici, tout va bien ?

En outre, « Notre monde brûle !» , j’ai découvert les œuvres des étudiants de l’école Kourtrajmé, accueillit par le palais de Tokyo, pour une exposition sous forme de workshop, qui explore la filiation entre La Haine (de Mathieu Kassovitz, sortie dans les salles en 1995) et Les Misérables (de Ladj Ly, sortie au cinéma en 2020).

Descriptif de l’exposition :

En 1995, le réalisateur Mathieu Kassovitz et les acteurs Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui , avaient La Haine face à la stigmatisation des banlieues, et face aux violences policières et sociales. Presque 25 ans après, Ladj Ly raconte Les Misérables de notre époque, celle du «capitalisme carcéral».

À la manière du portrait réalisé en 2005 par son complice JR, prenant la pose d’un braqueur, Ladj Ly utilise sa caméra comme une arme pour cibler les rapports d’oppression tout en déjouant les clichés médiatiques. 25 ans, c’est le temps d’une génération.

Une génération qui n’a eu de cesse de changer les visages du cinéma français et de questionner le regard que la France nourrit sur les banlieues et sur leurs habitants. Une génération qui a toujours avancé de manière collective, dans l’urgence, avec l’énergie du système D.

Assurément, véritable « enfant de la Haine », Ladj Ly a fondé en 2018 l’école Kourtrajmé (du nom du collectif d’artistes fondé en 1994). Mettant en place avec JR un enseignement alternatif et gratuit de cinéma et d’art à Clichy-sous-Bois/Montfermeil (communes de Seine-Saint-Denis) où se déclenchèrent les révoltes populaires, qui secouèrent la France en 2005, à la suite de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré.

Inspiré de la présentation de l’exposition sur le site du Palais de Tokyo

Des jeunes artivistes…

Ainsi, la trentaine d’élèves de l’école invitée au Palais de Tokyo pour créer un pont entre ces deux films cultes propose un ensemble d’œuvres plastiques et cinématographiques réalisées pour l’exposition.

Dès lors,directement inspirées de scènes de ces films et de situations vécues au quotidien, ces artistes émergents s’attaquent au regard médiatique et politique.

Ils interrogent l’appropriation opérée par la mode sur les cultures de rue, rendent hommage aux motards en YZ et sans casques qui pratiquent un rodéo d’un nouveau genre, dénoncent la sous-représentation des femmes dans la société, le machisme et l’homophobie. Et enfin, ils interpellent le passé colonial de certaines rues de Paris, révèlent l’envers du décor de l’économie parallèle.

Mais aussi, les solidarités qui naissent de ces situations, de ces temps morts passés à l’arrière de voitures ou sur des chaises-pliantes.

Dès lors, dans un Palais de Tokyo qui se fait caisse de résonance des imaginaires et des luttes, mais également, de nouvelles géographies, les œuvres des élèves de l’école Kourtrajmé rappellent que « Jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici, tout va bien. Mais l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage ». 

Inspiré de la présentation de l’exposition sur le site du Palais de Tokyo

Ma lettre au Président

Dès lors, en vous présentant de façon non-exhaustive ces artistes, fervents de l’artivisme, vous comprendrez ma position en tant qu’artiste. Aussi, je crois que nous devons avoir un impact fort dans notre société. Car évangéliser les nations, prier pour nos autorités et voter, ne suffisent plus !

Conséquemment, à certain événements qui m’ont interpellé au printemps 2020, j’ai écrit pour la première fois au Chef de l’Etat.

Rappel de son allocution au Chef de l’état

Monsieur le Président,

Je me permets de vous écrire, suite à votre allocution du 14 juin dernier.

En effet, vous notifiez que : « La République n’effacera aucune trace, ni aucun nom de son histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble nos mémoires, notre rapport à l’Afrique en particulier ».

Pourtant, bien qu’étant une artiviste originaire de la Guadeloupe, je ne cautionne pas les actes de vandalisme et les déboulonnages de sculptures, même si j’en comprends tout à fait les actes (La vérité sur Victor Schoelcher ).

D’ailleurs, je suis moi-même une artiste sculptrice de formation. Par conséquent, la sculpture a une signification particulière pour moi. D’autre part, cela m’évoque une des affirmations de mon professeur d’histoire de l’art : « La peinture, n’est qu’illusion. La sculpture, c’est la vérité ! ».

Dès lors, sans vouloir développer toute l’étendue de sa réflexion (pédagogique), globalement ce que cet enseignant voulait dire, c’est qu’en sculpture, on ne triche pas ! Ni dans la représentation du sujet, ni dans l’interprétation du volume.

Ainsi, comme Clair Barbillon le notifie dans son livre
« comment regarder une sculpture. Mille ans de sculpture occidentale » : « Art de l’espace, art du temps, à l’instar de la musique, la sculpture est un objet d’étude qui se laisse difficilement saisir. Il faut en faire le tour, multiplier les points de vue, se déplacer, être capable d’envisager une combinatoire extrêmement complexe de qualités formelles, traverser mille ans d’histoire et de styles ».

En somme, on ne peut apprécier une œuvre volumétrique, qu’en l’abordant sous tous ses angles et pas que d’un seul point de vue.

Or, dans votre dernière allocution, vous demandez aux Français, dont les communautés noires (en particulier), de continuer à considérer ces statuettes controversées (qui ornent les villes françaises, les îles françaises, ainsi que certains pays africains) comme des figures emblématiques et honorifiques de la république, sans considérer celles-ci sous tous ces aspects.

Du reste, n’est-ce pas dans ce cas, une atteinte au patrimoine culturel de la France ?

… Première partie de mon courrier au Président E.Macron, datant de Mai 2020

Ma suggestion

Assurément, vous comprenez ma métaphore, qui rejoint plus ou moins, le propos de l’historien Benjamin Stora :

« On ne peut jamais clôturer l’Histoire. Ce n’est pas possible. Elle va continuer de s’écrire. Et si la question du passé colonial et de l’esclavage est portée à l’ordre du jour, elle ne va pas disparaître comme par enchantement. Maintenant, le sujet, c’est qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on écrit, notamment autour de ces statues que certains veulent déboulonner ?».

D’après l’AFP, il y a quelques semaines, vous auriez sommé vos équipes de travailler sur la question du passé colonial de la France.

Seulement, je doute que cette mise au point suffise à calmer les tensions de ces dernières semaines.

Il semblerait toutefois, que vous avez posé un acte fort, en proposant aux Français un nouveau gouvernement. Il est probable que ce remaniement, soit un tournant pour l’avenir de la France.

Néanmoins, même si, je ne partage pas vos idées, je vous respecte en tant que dirigeant de la République française. Leader un pays, n’est pas une position facile et encore moins dans un contexte aussi hostile, que celui que nous traversons actuellement.

Toutefois, l’objet de mon courrier n’était pas de vous faire une remarque, ou de vous interroger sur vos intentions pour la France, mais de vous soumettre une requête, qui contribuerait, je l’espère, à apaiser les dissensions dans notre pays.

En tant que citoyenne Française, je me permets de vous exprimer mon souhait, celui d’enseigner l’histoire de France, en incluant son passé colonial, dans tous les programmes scolaires (et culturels).

Je pense que cette proposition « d’ajustement et de clarification », nous permettra de commencer « lucidement à regarder ensemble nos mémoires, notre rapport à l’Afrique en particulier. »

En espérant que cette suggestion deviendra un projet, je vous transmets sincèrement, mes salutations distinguées Monsieur le Président.

Sandrine Miraculeux »

Ma lettre au Président E.Macron datant de Mai 2020

La réponse du Président…

La correspondance

Madame, Monsieur,

Vous trouverez ci-joint, la réponse de la Présidence de la République à votre message.

Pour tout nouvel envoi, nous vous remercions de rappeler votre référence sous laquelle votre courrier a été enregistré.

Cordialement,

La Correspondance. 

Le chef de cabinet du président

Madame,

Le Président de la République a bien reçu votre correspondance et m’a confié le soin de vous assurer que vos réflexions et votre suggestion, ont fait l’objet de la meilleure attention.

A l’occasion de son allocution du 14 juin dernier, le Chef de l’Etat a rappelé que la République serait intraitable face au racisme, à l’antisémitisme et aux discriminations. Contre ces fléaux, il nous faut affronter avec force les violences et les amalgames.

Ce combat doit être conduit contre la tentation communautariste et en regardant avec lucidité notre passé et nos mémoires. Afin de bâtir le présent et construire notre avenir, il est nécessaire de s’unir autour d’un patriotisme républicain respectueux et apaisé.

La France est une Nation où chacun, quelles que soient ses origines, sa religion, doit trouver sa place.

Soyez assurée de l’engagement total du Président de la République dans ce combat consubstantiel au pacte républicain français et nécessaire à la cohésion de notre Nation.

Toutes les formes de discrimination ou de racisme allant à l’encontre de l’esprit de concorde, seront mises en évidence et éradiquées.

Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes hommages.

François-Xavier LAUCH *»

* Le nouveau chef de cabinet du Président E.MACRON

Et vous qu’en pensez vous ? : « Jusqu’ici, tout va bien ? » L’artiste, doit-il être engagé politiquement ou pas ? Doit-il être un artiviste ? Prochainement, nous verrons ensemble si : l’art doit être identitaire ou non ?

En attendant, abonnez-vous !