« Contrairement à ce que craignaient les Cassandre de la mondialisation, le développement du capitalisme ne s’est pas traduit par l’arasement des différences culturelles, mais par la floraison des revendications identitaires religieuses, nationales et ethniques, qui ont pris le relais des luttes des classes. (…) ». Voici ce qu’on pouvait lire dès les premières lignes de l’article « ce que l’identité fait à l’art », dans Libération, en 2015. En revanche, le journal The conversation introduit sa publication par : « À la question de savoir ce qu’il entendait par « art nègre », Picasso répondit : « L’art nègre ? Connais pas ». Par cette réponse, l’artiste ne voulait sans doute pas nier l’existence et la qualité d’un art africain en tant que tel, mais signifier que ce n’est pas tant la qualité artistique des objets qui l’intéressait que leur propriété « magique ». En somme, la question de l’art identitaire est un débat d’actualité, que nous allons tenter de comprendre ensemble !
Artivisme : c’était quoi encore ?
En tout premier lieu, nous avions décrit l’artivisme comme un art militant et un activisme artistique. Un mot-valise composé des termes art et activisme. Un néologisme qui désigne l’art relatif aux préoccupations politiques. Naturellement, l’artiviste se définissait comme un artiste inter-mondial, activiste, et non-violent.
Par ailleurs, nous avions évoqué la façon dont les artistes utilisent leur art, comme une arme puissante, à l’instar de JR ou de Kader Attia qui s’intéresse essentiellement au vide, et à la quête identitaire.
Manifestement, c’est en exposant son nouveau projet au Centre Pompidou, en 2007, que le travail de l’artiviste français d’origine algérienne sera décrit comme celui d’
Un questionnement sur l’aliénation culturelle et la quête d’identité. Ghost nous est présenté comme une installation qui évoque une assemblée de 102 femmes en position de prière. ».
Cette description est extraite du cartel du Service de l’information des publics et de la médiation.
Un art identitaire religieux ou spirituel ?
À l’instar de Kader Attia qui s’intéresse au vide à et la quête identitaire, je suis sensible à l’esprit avec un petit « e » et un grand « E » ainsi qu’a la psychologie humaine. L’homme étant composé en 3 dimensions : corps, âme et esprit.
D’ailleurs, comme je l’ai dit précédemment, je me définis comme une artiviste chrétienne.
En définitive, comme beaucoup de personnes cérébrales, j’aime comprendre le pourquoi des choses, et trouver les comments, allez au fond des choses, en profondeur… Et l’offrir au monde.
Malheureusement, comme l’a affirmé le coach-thérapeute Christine Mortamais :
« Nous sommes dans une société assez uniforme, très cadré, qui propose un cadre écrasant, réduit, et assèche. C’est une société extrêmement desséchée, il y a quelques choses de peu nourri, de peu vivant, un peu morbide ».
Christine Mortamais
Alors, quand vous êtes un être sensible, spirituel, ou animé d’une richesse intérieure, il y a ce qu’elle qualifie de « frottements avec ce que propose la société » qui tend à renier, voir à rejeter, les personnes lumineuses.
Ce qui explique d’ailleurs, l’affection du monde en général, pour les choses superficielles.
En outre, si proposer un art spirituel est défini comme « un art identitaire », alors je me permets de préciser qu’il est bien spirituel et pas religieux.
Pour mieux comprendre ce point, je vous invite à consulter le premier chapitre de mon livre : « Artiste et culture : et le chrétien dans tout ça ? », et la série sur l’autoportrait publié sur mon blog, disponible en version audio.
L’artiste doit-il se conformer à un art identitaire, pour être plus vendeur ?
En réalité, chaque artiste à son propre discours sur son travail. C’est sa colonne vertébrale.
Malheureusement, comme le dénonce le film documentaire : « la ruée vers l’art », si certains galeristes prétendent être des passionnés d’art, ils sont en réalité, des adeptes de la cupidité ! Ils prennent les artistes pour des politiciens, qui peuvent changer de discours et donc de projet, en fonction de la demande.
Assurément, j’entends encore ce galeriste qui m’incite à gommer l’aspect identitaire spirituel de mon art, pour intégrer son écurie.
En revanche, la voix des vrais marchands d’art parle beaucoup plus fort ! Respectueux des artistes, ils les encouragent à rester fidèles à ce qu’ils sont : des êtres lumineux, inspirés et authentiques !
Un art identitaire ethnique ou politique ?!
Dès lors, en évoquant ces anecdotes, d’autres me reviennent à l’esprit et me confortent dans mon sentiment.
Effectivement, il existe bel et bien une quête identitaire ethnique dans notre société, et naturellement elle se manifeste aussi dans le domaine de l’art.
À ce propos, il y a quelques années, quand j’étudiais à Bruxelles, je passais mes vacances en France. C’est ainsi qu’en juillet 2005, je me rendais à une exposition exceptionnelle qui avait lieu à l’hôtel de ville de Paris.
À l’instar du centre Pompidou qui offrait une grande exposition d’art contemporain Africain, titré Africaremix, l’hôtel de ville proposait une exposition plus sobre, avec une dizaine d’artistes congolais sélectionnés pour l’occasion.
Il s’avère que 4 mois plus tôt, moi et mes amies congo-belgoises nous avions assisté à la première, du nouveau spectacle de la Compagnie point Zéro, inspiré du pamphlet de Mark Twain : « King Léopold II ».
De surcroit, la pièce qui avait été jouée au théâtre de la place des Martyrs Bruxelloise, faisait polémique.
De sorte que dans la tribune lesoir.be, on pouvait lire :
Affaire d’État ? Non, affaire coloniale… Et royale. Les deux « étant intimement mêlées…».
lesoir.be
L’artiviste : au cœur d’un problème identitaire ?
En outre, c’est dans ce contexte, au devoir de mémoire incertain, que les artistes congolais, exposaient
leurs œuvres dans la capital Parisienne.
Quoi qu’il en soit, c’est aux côtés des grands artistes internationaux Lema Kusa et Roger Botembe, « fer de lance de l’art contemporain congolais » dit-on sur le site Parisart, que figurait une pléiade de jeunes-artistes.
À l’instar des artistes exposant, j’échangeais quelques mots en particulier, avec un jeune sculpteur.
A première vu, il était désabusé et je peinais à en comprendre les raisons.
Suite à quoi, il me fit une remarque pertinente sur la dure réalité de l’artiste africain :
Le problème… » Me dit-il, « c’est que nous ne sommes pas libres dans notre art… Pour s’exporter, nous devons produire un art à caractère identitaire. Avez-vous remarqué qu’on ne demande jamais aux artistes européens de créer des œuvres identitaires ? ».
Le jeune sculpteur